Ce soir, c’est apéro et Saturday Night Fever à la maison ! Mes merveilleuses copines et les potes de Paul seront là : ça va être la folie !
CLAIRE
13H : Le mâle se réveille difficilement. Je crois qu’il va rapidement falloir lui rappeler que nous avons du monde à la maison ce soir.
14H : Je le sens venir gros comme une maison. Je vais encore devoir tout préparer ce soir. Mais pour une fois, Claire la super ménagère n’a pas envie de passer sa journée aux fourneaux.
Donc ce soir, je décide de m’en battre les couilles – si seulement j’en avais, cette expression prendrait tout son sens – et je fais un apéro dînatoire de chez Picard. Je jetterai tous les emballages avant l’arrivée des invités et je remercierai chaleureusement les copains qui féliciteront mes talents de cuisinière.
Ou alors je dirai la vérité, une fois bourrée.
En attendant, je laisse Shrek à la maison et je vais trouver LA tenue pour ce soir.
16H30 : Mon banquier va sûrement faire un arrêt quand il verra que j’ai encore explosé mon découvert autorisé. Tout ça pour une robe. Mais une très très jolie robe.
17H : Retour à la maison. J’envoie Doudou chez le caviste pendant que je vais préparer Mon dîner presque parfait chez Monop’ et Picard. Les verrines, les petits-fours, les cakes : ça va être trop facile ! Picard, c’est quand même LE magasin qui nous permet à toutes et à tous de survivre.
18H30 : Retour à la maison. Paul n’est toujours pas rentré. J’ai à peine deux heures pour rendre cet appartement nickel, dresser une table digne d’un palace et… devenir canon ! Que le monde entier sache que, lorsque je fais des efforts, je ressemble à Beyoncé, ou à Britney avant pétage de plombs !
19H30 : Appartement à peu près propre. Je ne m’acharne plus à récurer chaque m2 de l’appartement. La dernière fois, il y avait du rouge sur les murs, une bouteille de champagne avait été renversée sur mon lit, une autre dans mon sac, et j’avais retrouvé des mégots dans les plantes. Mes copines sont structurées la journée, des filles que l’on peut aisément admirer. Mais le soir, elles se transforment en Gremlins.

19H55 : Prise en main de ma tignasse, maquillage léger mais subtil. J’enfile la très très jolie robe achetée plus tôt et des escarpins.
Et alors que ma mise en beauté touche à sa fin, que vois-je ? Le linge sale de Monsieur Paul SUR le bac à linge. Pas dedans, non, bien trop complexe. Ouvrir le bac d’une main et y jeter ses affaires sales grâce à l’autre main, c’est trop compliqué ?

Je vais me le faire ce con ! Entre ça et les poils que je retrouve partout à chaque fois qu’il se rase, que plus jamais on ne dise que les femmes ont un don pour retourner une salle de bains !
20H05 : Paul ressemble à un cocker en chaleur quand il m’aperçoit. Je lui fais encore de l’effet. Mais ce que l’homme-cocker ne sait pas, c’est que je ne caresserai pas ses oreilles ce soir, qu’il dormira seul dans son canapé-niche avec ses chaussettes sales s’il finit encore complètement bourré.
« Tu es sublime chérie ».
Oh ! Il est mignon ! J’ai envie qu’il le dise encore, c’est tellement bon.
«Ah bon ? Je te plais ? » (Note à moi-même : toujours faire répéter à l’homme un compliment, c’est plutôt sympa pour l’ego).
« Au moins aussi belle que lorsque je t’ai rencontrée » dit-il en s’approchant avec sa tête de cocker en chaleur.
Je crois qu’il a envie. On avait toute la journée pour ça. Mais non, c’est plus excitant avant l’arrivée des invités alors que je sors à peine de la salle de bains. Pas vraiment le courage de lui résister, il est plutôt sexy avec sa chemise.
20H45 : Complètement à la bourre mais de bonne humeur pour la soirée, je m’empresse de dresser la table, de sortir les petits-fours et préparer des Spritz pour les copines.
20H50 : Ce qu’il y a de beau avec les amis, c’est qu’ils vous connaissent par coeur. Ils savent que nous sommes toujours en retard, qu’on gère vraiment mal notre temps, et arrivent en moyenne une demi-heure après l’heure officielle. L’amitié, la vraie !
21H : Ça sonne. Que la soirée commence !
21H05 : Je constate qu’elles sont toutes canon, qu’elles ont fait un effort. Saturday night quoi ! Comme d’habitude, Natacha éclipse tout le monde, la langue des mecs touche presque le parquet. Elle est resplendissante, et ses jambes font 1m50. SALOPE ! Robe, escarpins, bijoux et maquillage au top. J’ai quand même bien fait de m’acheter cette sublime robe aujourd’hui.
Les mecs, eux, n’ont pas fait d’effort particulier. Leurs éternelles Stan Smith, un slim, un tee-shirt pour certains et une chemise pour d’autres. Et on se demande pourquoi les femmes finissent par ne plus regarder leurs hommes…
J’ai discrètement mis mon Spotify en Bluetooth, Julien Doré est à nos côtés ce soir.
21H10 : Je sers une première tournée de Spritz aux filles et Paul s’occupe de la bière. Ça commence à discuter boulot, promotion et galères du quotidien.
Et là, je me rends compte que je n’ai pas eu le temps de fumer ma cigarette post-coït. Je propose aux invités une pause clope, les filles se joignent toutes à moi – Dieu merci, aucune d’entre elles n’est pour le moment enceinte – alors que les garçons se vautrent dans le canapé.
21H15 : Les lois de l’attraction sont inexplicables. Alors que j’ai sciemment proposé à l’ensemble des invités de se joindre à moi pour une pause cancer, seules les copines sont venues. Une loi universelle semble s’appliquer aux soirées mixtes : hommes et femmes ne peuvent s’empêcher de faire bande à part. Il y a toujours les hommes d’un côté, les filles de l’autre. Vous n’aviez jamais remarqué ? C’est pourtant une évidence.
Je lance la discussion, triomphante : « ahhhhhh, première cigarette après que Paul m’a fait l’amour ». Je les observe, désemparées face à mon entrée en matière. Ah ah ah ! Oui, j’essaye de prouver aux filles que ma vie sexuelle est absolument palpitante alors que cela se résume davantage à une partie de jambes en l’air un dimanche sur deux.
Nadia, de nature curieuse, ne peut s’empêcher de réagir et m’interroge sur la durée de l’acte ainsi que les positions adoptées par Monsieur. S’en suit alors un débat sur la durée idéale de l’acte, merveilleusement conclu par Jeanne « nous ne pourrons jamais atteindre cet idéal, l’homme est soit précoce, soit égoïste. Hier, j’ai entendu François se vanter de notre dernier rapport qui aurait duré deux heures. Alors que cela a précisément duré 27 minutes. »
21H30 : Deuxième tournée de Spritz, servie directement en extérieur. Paul m’intercepte et me demande la nature de notre sujet de conversation, sujet qui apparemment nous fait rire « comme des dindes ».
Il pense sûrement qu’on discute maquillage, shopping ou envies de procréer alors que nos pailles nous servent actuellement à mesurer la taille de leurs pénis. L’Homme ne parviendra jamais à nous comprendre.
22H : Troisième tournée. Je suis pompette. J’ai envie de danser, de réveiller la Queen Be qui sommeille en moi.

On quitte le balcon, Julien Doré laisse place à Drunk in love. Les mecs fuient à l’extérieur. Je commence à me tortiller, Natacha shake son super booty.
La soirée s’annonce chaude !
PAUL
13H : Réveil, dans le mal. Un apéro un peu trop chargé hier soir.
13H10 : Claire me saute presque à la gorge alors que je n’ai pas terminé mon café. Ah… Apparemment on a du monde à la maison ce soir. Je pensais être tranquille, que Claire serait de sortie avec ses copines. J’ai naïvement cru avoir droit à un peu de tranquillité, à une bonne soirée TV.
13H30 : Je vais passer ma journée à geeker, à passer des niveaux à Candy Crush. Je connais Claire, elle va sûrement passer son samedi en cuisine afin d’épater nos invités. Je l’aiderai en fin de journée, quand elle commencera à paniquer.
14H : J’ai seulement réussi trois niveaux qu’elle se casse. Sans un mot. Soit elle fait la gueule, et j’en ignore une fois de plus la raison, soit elle a des projets dont elle ne souhaite pas me parler. Lorsqu’elle sort rejoindre une amie, elle m’en informe. Là, elle se casse sans rien dire et nous avons du monde à la maison ce soir… Coïncidence ? Je suis presque sûr qu’elle est partie faire du shopping mais qu’elle n’assume pas de dépenser un SMIC par mois en robes et chaussures.
14H10 : Je profite du départ de Claire pour faire un tour chez Monop’ et acheter tout ce qui pourrait me faire passer la gueule de bois.
15H : Je ne vais pas mentir, j’aime quand Claire part faire les boutiques. J’ai la paix durant quelques heures. On a beau dire que la vie à deux est magnifique, c’est quand même épuisant d’avoir une femme tous les jours à la maison. Je dois faire attention à ce que je fais, à ce que je dis, à ce que je regarde. La Gestapo en somme. Mais une Gestapo mignonne.
En attendant, j’en profite. Candy Crush, TV, M&M’s et un bon Coca. Le Coca est banni ici car, comme le dit si bien ma douce, « un verre de Coca contient pas moins de 7 morceaux de sucre, te rends-tu compte de ce que tu avales ». Non ma chérie, je ne m’en rends pas vraiment compte, et puis on mange et respire tellement de merde que, franchement, c’est foutu. Toujours est-il que le Coca m’aide à passer ma gueule de bois ! Et devinez le plus beau ? Je fais tout ça en même temps, affalé sur le canapé, sans même songer à prendre une douche.

16H15 : Après plusieurs années de vie commune, je commence à connaître les habitudes de Madame. Lorsqu’elle annonce qu’elle part en « virée shopping » je sais qu’elle en a pour la journée. Mais quand elle y va sans employer les mots « virée » ou « shopping », je sais par expérience qu’elle revient approximativement 3 heures après.
Donc, va falloir que je range tout mon bordel, que je jette le coca et que je me lave.
16H55 : Elle ne devrait plus tarder. Dans un élan de gentillesse, j’ai même fait le lit. Tout ça pour la mettre de bonne humeur.
16H59 : Le chat miaule : Claire arrive, son sixième sens ne lui fait jamais défaut. Pas peu fier, je mets un peu de ce parfum qu’elle aime tant et laisse la chambre ouverte pour lui prouver que oui, je fais des efforts.
17h : L’ouragan Claire est arrivé, et repart aussi rapidement. Je dois aller chez le caviste. Cool, une dégustation !
19H : Je sors de chez le caviste. Ce mec est vraiment cool. À chaque fois que je m’y rends et peu importe le montant que je suis prêt à débourser, il me fait goûter ses nouveautés, et trinque avec moi. Et ce soir, il avait beaucoup de nouveauté …!

Bref, je suis bourré.
19H20 : Claire ne semble pas vouloir de mon aide, je me remets donc à Candy Crush pendant qu’elle s’affole en cuisine.
19H30 : Je fais un nouvel effort : je mets une chemise. Si avec ça elle n’est pas comblée, vraiment, je ne comprends rien aux femmes.
20H : Elle sort de la salle de bains, elle est resplendissante. J’ignore si c’est l’alcool ou cette robe, mais j’ai très très envie d’elle.
20H45 : J’aime quand c’est impromptu, quand Claire a soudainement le vice en elle et que la maîtresse de maison s’oublie quelques instants. C’était le pied. Puisse la soirée continuer ainsi…
21H : Les gars sont là ! Ah… les filles aussi ! Bon, on ne va pas se plaindre, la sublime Natacha est des nôtres. Et ses fesses sont le centre de l’attention.
21H10 : Les filles s’isolent sur le balcon avec leurs Spritz. Je n’ai jamais compris l’intérêt d’inviter nos amis en commun pour se séparer au bout de… dix minutes ! Les filles sur le balcon, les mecs sur le canapé.
Dans le fond, ça nous arrange assez. On n’a pas à faire semblant de s’intéresser à la dernière collection de chez Zara. Et puis, Claire m’épuise à elle toute seule, alors Claire + 5 copines de Claire = migraine assurée ! Chez nous les mecs, c’est moins bruyant, plus zen, et ça pouffe moins !
21H10 : On observe les filles. On a quand même l’impression qu’elles complotent contre nous.
21H30 : J’aperçois Claire qui retourne dehors avec la deuxième tournée. Je crois qu’elle a oublié qu’il y avait des hommes affamés dans son salon.
21H45 : Des dindes sur le balcon.
22H : Des dindes bourrées dans le salon. La musique bascule brusquement, on passe de plutôt cool à plutôt soupe commerciale. On se protège des nuisances depuis le balcon.
Mais on observe. Et là (merci mon Dieu), la belle Natacha commence à se déhancher. Ma chérie aussi.
Que la soirée commence !
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